Excellent article de l'ami François Charlet sur la vie privée, la présomption d'innocence et les dérives de nos systèmes de surveillance. Je crois que j'y ai trouvé tout ce que je lis depuis des années de manière condensée. Bravo ! Un must read !
Quelques extraits pour la route:
"[...]pour mieux faire passer la pilule, on n'hésite pas à faire usage d'une forme de novlangue orwellienne, en rebaptisant la vidéosurveillance en "vidéoprotection"[...]"
"Le corollaire de ce qui précède est le suivant : ceux qui s'opposent à la vidéosurveillance – mais pas que – ont nécessairement quelque chose à cacher. Parce qu'hier, aujourd'hui et demain je m'oppose à la vidéosurveillance du domaine public et à la surveillance de masse, vous me verrez comme un paranoïaque. Le paranoïaque est plutôt celui qui installe des caméras de surveillance."
"La surveillance génère de la suspicion alors que notre société repose sur la confiance. Avez-vous déjà songé à un renversement du principe de la présomption d'innocence ? Dans nos démocraties, il revient à l'accusation d'amener les preuves de votre culpabilité. Si la vidéosurveillance peut amener une telle preuve, elle peut aussi vous faire amener au poste pour interrogatoire parce que vous apparaissez sur des images vidéo. Bien qu'innocent, vous devrez vous justifier et expliquer pourquoi vous vous trouviez là, au mauvais endroit et au mauvais moment."
"Les autorités affirment que le chiffrement les empêche de savoir ce que leurs citoyens se disent. C'est vrai, et c'est tant mieux. Mais elles déclarent aussi que les terroristes utilisent aussi ce chiffrement et qu'il représente donc un risque. Devrait-on alors interdire les camions sur territoire français après l'attentat de Nice ? Ce raisonnement est absurde.
Les terroristes n'ont pas besoin de chiffrer leurs communications pour planifier des attentats. Ils peuvent se rencontrer physiquement, voire utiliser des téléphones à carte prépayée. C'est ce qu'ont fait les auteurs des attentats de novembre 2015 à Paris pour éviter d'être repérés par les services de renseignement."