Coup de gueule de l’informaticien II

Coup de gueule de l’informaticien II

Colère d'un félinIl y a (déjà) plus d’un an, j’avais réalisé un « coup de gueule de l’informaticien » pour dénoncer quelques pratiques, quelques idées reçues et quelques phrases désagréables auxquelles nous faisons face très fréquemment. Que vous soyez dans un service, une start-up ou dans n’importe quel autre type d’emploi, vous recevez de genre de cadeaux avec une plus ou moins grande zénitude, en fonction de votre niveau de caféine (tiens, encore un stéréotype) et de votre qualité de sommeil, entre autres. Je remet donc les couverts pour une nouvelle édition de ce coup de gueule, mais le premier billet reste d’actualité !

Depuis que tu m’as installé / mis à jour / changé…

Un grand classique du domaine, je pense que tout informaticien aura déjà vécu cette situation au moins une fois dans sa vie professionnelle: vous devez mettre à jour un logiciel sur le poste d’un utilisateur et prenez donc quelques minutes pour cela. C’est vrai, c’est un peu chiant, souvent long et l’utilisateur bavarde alors naturellement. Vous raillez sur la qualité des softs d’un éditeur connu, sur les récentes décisions d’un manager… Votre bonne action terminée, vous vous en allez.

La catastrophe ! L’utilisateur vous rappelle – parfois énervé, d’ailleurs – parce que « depuis que vous avez mis à jour mon logiciel, l’imprimante ne fonctionne plus ». S’il est vrai que les causes à effets sont parfois liés, certaines allusions sont parfois vraiment ridicules, allant presque jusqu’à vous accuser d’avoir provoqué la panne de l’ampoule au-dessus de son distributeur à boisson préféré. Pour l’utilisateur-bidouilleur, tout est lié… TOUT, je vous dis.

Je sais pas si tu as vu mon mail, mais…

Cette phrase agasse particulièrement les développeurs. La réalisation de code est souvent quelque chose d’assez prenant et d’intensif. Il faut penser à toutes les possibilités pour éviter que votre programme parte en sapin de Noël à la première occasion. Et c’est précisément au moment où vous analysez un code très pointu que vous recevez une notification pour un nouvel email. Pas d’inquiétude, vous êtes entrainé au coup d’oeil rapide. Approximativement 5 minutes plus tard, votre téléphone sonne. Vous êtes en train de débugguer la portion sensible de votre code et voilà votre concentration partie en fumée. Vous répondez, tentant de garder votre amertume pour vous, et constatez que c’est la personne qui vous a mis un email 5 minutes plus tôt. Le pire ? Elle vous appelle pour vous demander si vous avez vu son mail traitant de l’archivage de données de son disque personnel, parce qu’il devient un peu plein.

Chapeau aux développeurs qui cumulent les mandats (comme moi) et qui savent se garder de hurler sur cette pauvre personne qui vient de vous condamner à passer 15 minutes supplémentaires sur votre job afin de recommencer le débug, pendant lequel vous serez probablement à nouveau dérangé. Un conseil: munissez-vous d’une balle en mousse et malaxez-là.

C’est quand même fou, ça fonctionne jamais ce truc !

Vous êtes l’heureux (ou pas) gestionnaire de l’intranet de votre entreprise. Comme tous les logiciels, il faut parfois réaliser quelques maintenances qui ne peuvent pas être forcément effectuées à des heures convenables. Vous choisissez donc, en votre âme et conscience, de réaliser la maintenance à midi et avertissez les collaborateurs d’un arrêt du service pendant cette durée. Vous débutez la maintenance et un utilisateur, généralement assez haut-perché dans la hiérarchie, vous appelle vous réclamer: à chaque fois que je veux aller sur l’intranet, c’est pas disponible. Il ne marche jamais ce truc !

Félicitations, vous êtes victime de dénigrement et de généralisation à la fois. Il aura suffit d’une indisponibilité de 15 minutes sur les trois derniers mois pour qu’on vous dise que « ça marche jamais ».

Dis, tu saurais pas où trouver une copie craquée de…

Un grand classique de tous les utilisateurs-bidouilleurs: approcher le jeune de l’équipe pour demander « hé, tu saurais pas où trouver une version de Photoshop craquée ? ». Après le soupir de lassitude que cette phrase m’inspire, je me sens obliger de préciser que:

  1. Un professionnel de l’informatique risque une amende très salée s’il est prit à refourguer une copie craquée d’un logiciel ou de quoi que ce soit d’autre de son métier
  2. Parce que je suis informaticien, ça ne veut pas dire que je suis un pirate, haXX0r ou je ne sais quelle autre pro du clavier comme dans les films
  3. Oui, je sais, je suis chiant mais je n’aimerais pas non plus qu’on craque mon logiciel (qui serait probablement opensource, mais c’est un autre sujet)

Donc s’il vous plaît, les gens, cessez de demander aux pros ce genre de trucs. Allez sur des sites bizarres, téléchargez des films et attrapez des virus pour qu’on puisse venir, vous faire la morale et réparer votre ordinateur à un prix d’or. Merci.

Le mot de la fin

Vous l’aurez peut-être ressenti, mon billet est rédigé sous l’égide de la lassitude. Il y a beaucoup de choses en informatique qu’on ne nous pardonne pas, mais qu’on pardonne volontiers à un autre corps de métier. Le fait que mon métier soit virtuel – donc intangible – rend la chose difficile pour beaucoup de monde, et c’est bien pour cela que le métier d’informaticien existe: vous aider avec ça.

J’avoue, certains informaticiens sont distants, froids ou tranchants, mais réfléchissez un peu à ce qu’ils entendent si régulièrement, aux critiques qu’on fait systématiquement sur ce métier. Il n’y a pas beaucoup de métiers qui sont si rabaissés, et si j’écris tout ça aujourd’hui, c’est aussi pour me libérer et faire comprendre que certains comportements ne sont pas acceptables. On entend tellement de mauvaises choses toute la journée sur notre métier que c’en est fatiguant. Et si vous faites partie de ceux qui râlent « pour plaisanter », sachez que vous êtes lourds quand même et qu’un merci de temps en temps aidera à faire passer votre humour particulier.

Pensez à demander de l’aide quand vous en avez besoin, mais ne râlez pas, ça ne vous fera pas avancer plus vite. Des râleurs, on en croise tous les jours. Des gens respectueux et aimables, qui disent bonjour, merci et qui apprennent de leurs erreurs, ça c’est plus rare et on les adore. C’est en agissant comme ça que vous aurez de meilleurs résultats, c’est garanti !

Merci à toutes les personnes qui respectent notre métier et qui ne nous prennent pas pour les derniers des abrutis sous prétexte qu’on ne « fait rien derrière nos écrans » toute la journée. Merci à vous !

2 réflexions sur « Coup de gueule de l’informaticien II »

  1. Bonjour,
    votre billet me rassure et me désole à la fois -_-‘
    je ne suis pas développeur mais suis souvent les mains dans le PHP et la remarque qui me met hors de moi c’est :
    ça prend 2 minutes car c’est un copier /collé (ARGHH! )
    Souvent ce sont les mêmes qui veulent un trône de fer alors que leur budget se limite à des frites de piscine http://www.gentlegeek.net/wp-content/uploads/2013/05/wpid-trone_de_frites1.jpg
    Gardez le moral et vos passions 😉

    1. Bonjour Anne,

      Merci pour votre commentaire, et non vous n’êtes pas seule, loin de là ! Avez-vous d’autres anecdotes à partager sur ce sujet ? ça m’intéresse 🙂
      Et j’approuve totalement la vision du trône de frites concernant le budget, c’est bien souvent le cas en effet.

Répondre à anne Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.